Nous en parlons de plus en plus, les rayons de nos libraires commencent vraiment à être bien denses sur ce sujet que ce soit pour les grands comme pour les plus petits.
Mais au final, est-ce que l’on sait vraiment ce qu’est une émotion ?
C’est une réaction physiologique, elle ne dure que quelques minutes. Tous les humains de cette planète ont les mêmes émotions, depuis la nuit des temps, afin de préserver notre survie. Exprimer son émotion, par exemple, pleurer en cas de tristesse, va permettre de se libérer de cette émotion. De plus, la production de larmes va permettre la production d’anti douleur naturel.
Quelle est la différence avec une sensation ou un sentiment ?
Une sensation est physiologique et physique, elle se passe au travers des 5 sens de notre organisme. Par exemple : le chaud, le froid, les oppressions, …
Un sentiment dure dans le temps. Plus je vais l’exprimer, plus je vais le renforcer. Il ne passe pas dans le corps mais dans la tête. Par exemple : la jalousie, la culpabilité, perdu, tendu, rancune, furieux, chanceux, gratitude, …
Les 4 grandes émotions et comment s’y prendre ?
Les 4 grandes émotions sont : la joie, la colère, la peur et la tristesse.
La joie : c’est une émotion de liberté, de partage, de succès. Elle nous permet de savoir quand nous sommes sur la bonne direction dans notre vie. L’exercice physique apporte de la joie. Les apprentissages ont BESOIN de la joie pour s’ancrer. Il ne faut pas se limiter dans son expression, alors dansez, sautez, criez …
La peur : notre cerveau détecte un danger et nous fait donc réagir, en mobilisant toute notre énergie pour nous protéger, fuir ou éviter. La peur peut aussi se traduire en anxiété, donc une peur un peu moindre, face à l’inconnu par exemple. Il est essentiel de l’accueillir, de la reconnaitre, de l’accepter. Elle nous informe sur beaucoup de choses, nous avons besoin de la comprendre et de la vivre, et pas d’être réassuré. « Ne t’inquiète pas, c’est JUSTE une araignée, c’est pas la petite bête qui va manger la grosse. » En disant ce genre de phrase, nous nions l’émotion de la personne et cela ne vient que la conforter dans son émotion et dans ses éventuels sentiments : « Je ne suis pas capable de me réguler, j’ai peur d’une petite bête, je suis nulle« . Il est plus utile de poser la main sur l’épaule de la personne ou de lui prendre la main, afin de l’accompagner à son rythme et avec douceur dans la traversée de la peur.
La tristesse : c’est l’émotion de la perte et de la séparation. C’est une étape obligatoire vers l’acceptation. Tous les objets d’attachement peuvent apporter lors de leur perte une émotion de tristesse : un lieu, une personne, un doudou, une relation … Dans les moments de tristesse nous avons besoin de soutien, de présence, mais aussi parfois de solitude. Nous n’avons pas besoin d’être rassuré, cela viendrait comme pour la peur, nier l’émotion qui est pourtant bien présente dans tout notre corps. Les larmes, que l’on soit une femme ou une homme, une fille ou une garçon, sont autorisées, encouragées.
La colère : frustration, invasion, à l’encontre duquel nous avons besoin de nous affirmer contre car nous ne pouvons pas toujours tout tolérer. Il est essentiel de défendre son intégrité et ses valeurs. Colère ne signifie pas violence, c’est la pose de limites à ne pas dépasser. Si nous n’arrivons pas à nous mettre en colère, dans la vraie colère, il peut y avoir des réactions parasites qui vont venir s’interposer et donc nous faire crier, balancer nos stylos, hurler, voir devenir violent physiquement. Prenons un exemple. La vraie colère serait de dire : « Non je ne suis pas d’accord que tu prennes mes stylos, je ne veux pas les prêter« . la réaction parasite serait : hurler en disant, « NON je ne veux pas » ou jeter les stylos au sol, ou encore frapper la personne qui essaie de vous emprunter vos stylos. Cette émotion a très souvent une connotation très négative dans nos sociétés, justement car nous voyons plus souvent la réaction parasite et non pas la vraie émotion. Pourquoi ? Car nous ne devons pas réprimer nos émotions et encore moins la colère. Comme pour toutes les émotions il faut l’accueillir, écouter le besoin, sans chercher à la calmer.
Et si nous nous autorisions à exprimer les nôtres ?
Nos enfants vont faire ce que l’on fait mais pas ce que nous disons. Nous sommes pour eux des modèles, ils nous aiment plus que tout et veulent évidemment faire tout comme nous. Alors si nous nous autorisons à :
- dire que nous sommes tristes, et qu’il leur arrivent de nous voir pleurer, que nous aurions bien besoin d’un gros câlin de sa part (même si l’enfant n’est en rien responsable de cette tristesse, son empathie naturelle fera le reste),
- avouer que nous avons peur de cette araignée et que l’on appelle notre conjoint pour qu’il la mette gentiment dehors,
- être vraiment super content ce soir car nous avons reçu un super colis surprise que l’on attendait tant donc que l’on va mettre de la musique à fond et danser,
- mais aussi que l’on peut être très en colère car notre chef n’a pas été très cool aujourd’hui, et donc avoir un moment où l’on a envie d’avoir 5 minutes tout seul, ou alors envie de taper dans un coussin ou de crier dehors un bon coup …
Peut être que déjà nous les mettrons sur la piste de l’expression saine des émotions afin de leur donner des clés pour gérer leur propre émotion.
Des outils pour les parents
Je pense très sincèrement que la base est de comprendre nos propres émotions, de les comprendre, de les accepter et ensuite d’apprendre ou de ré-apprendre à les exprimer comme il faut sans être perturbé par des parasites (comme la violence pour la colère par exemple).
Quelques conseils lectures :
Un classique : Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat
Pour comprendre vos émotions et beaucoup d’autres choses, pour les parents comme pour le milieu professionnel : Que se passe -t-il en moi ? Isabelle Filliozat
Des outils pour les enfants
Le premier outil que j’ai intégré pour travailler sur la partie émotion ça a été le livre POP UP, la couleur des émotions, un grand classique. Il est à disposition et mon fils va régulièrement le consulter pour se remémorer les différentes émotions.
Ensuite, nous parlons des émotions lors de nos lectures le soir, dans le livre de Pandora (que j’adore), elle est triste car elle a perdu son ami l’oiseau. Nous parlons donc de cette tristesse. Tout est prétexte à discuter de nos émotions et je pense que c’est bien là la clef pour les outiller pour l’avenir.
Avec mon fils de 2 ans, j’utilise les 12 cartes de nomenclature des Bougribouillon que j’ai acheté en ligne puis plastifiées. Voir l’image ci-dessous. Lors d’un moment calme, nous prenons chacune des cartes et nous essayons de donner un exemple qui lui correspond. Certaines ne sont pas encore très accessibles pour lui, mais il a déjà compris les principales et commence a réutiliser cela dans notre quotidien. Je l’ai par exemple entendu récemment dire après avoir fait un puzzle « Je suis fier » 🙂
On essaie aussi de discuter autour de la « solution » pour faire sortir l’émotion et que l’on aille mieux. Il sait maintenant très bien expliquer que « Lorsque j’ai peur, maman me fait un câlin » ; ou lorsque « Je suis colère je crie, mais je ne dois pas taper les autres ». Alors la réalité c’est que les phrases ne sont pas si bien formulées et que parfois je prends encore un coup par ci par là, mais nous sommes sur le chemin 🙂 La colère en tout cas n’est pas un tabou et il a le droit aussi, même si c’est un garçon d’avoir peur 🙂
J’ai aussi acheté en ligne sur cette même boutique, la roue des émotions et les différents éventails. Je ne les ai pas encore introduit, mais ça ne saurait tarder.
A partir de 6/7 ans vous pouvez commencer à travailler sur un cahier des émotions, outil ludique et très apprécié des enfants.
Les colères de nos enfants
Je vous l’accorde il n’est pas très confortable de voir votre petit se rouler par terre devant vos beaux-parents, parce qu’il voulait mettre son manteau bleu alors que vous avez sorti le rouge. Mais alors, comment faire avec cette colère ?
Je vous invite à lire cet article pour en savoir plus sur ce sujet (à venir très vite).
Lucille Wattraint